Fusionnite, un virus contagieux (Point de vue du "Contre")

Le 8 février, les conseillers généraux se prononceront sur la fusion entre Corcelles-Cormondrèche, Peseux, Neuchâtel et Valangin. Cette fusion a été lancée en 2014 par les conseillers communaux des quatre communes.

Le projet a avancé très rapidement, poussé par la volonté d’avoir une décision populaire avant la fin de la législature. Fusionner pour fusionner n’a pas de sens. Sauf s’il y a derrière un projet essentiel, vital pour le développement de nos communes. Neuchâtel essaie depuis de nombreuses années d’asseoir son emprise sur les communes avoisinantes par différents projets de fusion qui n’ont jusqu’à présent pas abouti.

Nos quatre communes forment un ensemble urbain, nous sommes déjà étroitement liés par des commissions intercommunales, des syndicats et des collaborations. Une fusion ferait de Neuchâtel la troisième ville de Suisse Romande et la première du canton ce qui arrangerait surtout la gestion administrative de notre chef-lieu en uniformisant toutes nos particularités locales.

Une fusion serait selon le COPIL un soutien renforcé aux quartiers par les assemblées citoyennes. Combien de personnes se déplaceront pour représenter la volonté des citoyens et avec quelle légitimité ? Dans un premier temps, le soutien pour ces dernières est garanti. Mais est-ce que Neuchâtel soutiendra à moyen terme les particularités et les infrastructures des communes fusionnées. Imaginez plutôt: gérer l’entretien de deux terrains de foot à 200m l’un de l’autre? Coordonner les volontés de différentes sociétés locales? Est-ce que nos commerces locaux pourront survivre ? La commune les écoutent et les soutiennent actuellement activement. Et qu’en sera-t-il de la Poste ? Plusieurs suppressions d’offices se feront prochainement en ville de Neuchâtel.

Notre qualité de vie devrait se trouver améliorée en fusionnant. Mais fusionner, ne désengorgera pas la traversée de Peseux ou le carrefour à Vauseyon. Et nos routes ne deviendront pas plus larges pour permettre d’y ajouter des pistes cyclables. Les décisions quant à nos terrains constructibles seront prises par des conseillers généraux habitant d’autres quartiers « Monruz, de Serrières ou de Peseux ». La proximité des élus donne une certaine sécurité aux voisins directs.

L’argument porteur des pro-fusionnistes est certainement la baisse des impôts. Mais pour combien de tems ? Le budget prévisionnel doit prélever Fr. 1'624'000.- dans les réserves afin de garantir le coefficient fiscal à 67%.

Et qu’adviendrait-il de la fiscalité de la future commune de Neuchâtel si Philip Morris venait à délocaliser et en sachant que les rentrées d’impôts sont actuellement de 40 millions par an ? 

Nous payons certes plus d’impôts à Corcelles, mais nous profitons directement de cet argent: nous offrons les abonnements de bus aux jeunes, les enfants de nos communes bénéficient de subventions pour les camps de ski, nous avons une crèche, un parascolaire avec des critères d’admission différentes de la ville de Neuchâtel… 

Une fusion ne signifie pas qu’il y ait plus d’argent disponible pour des projets chez nous. Les nouvelles autorités définiront les priorités de la nouvelle commune. Celles-ci peuvent être complètement différentes des priorités actuelles.

Les nouvelles autorités seront élues par les 45'000 habitants de la nouvelle commune. Fusionner signifie aussi une perte de proximité. Seul un siège des 41 du conseil général est garanti pour notre commune. Quant au conseil communal, les sortants de la ville de Neuchâtel partiront certainement en pole position. L’influence des Casse-écuelles et des Cormontants diminuera, et nous ne serons plus maître de notre destin.

Une ville est plus focalisée sur la bureaucratie et l’administration que sur le service de proximité à la population. Toute demande passera par des formulaires et des contacts avec le futur service des quartiers qui filtrera les demandes. La ville de Neuchâtel emploie 3 fois plus d’employés par habitants que Corcelles. Chaque année, le nombre d’employés communaux à Neuchâtel augmente de plusieurs dizaines de personnes.

Une fusion ne nous amènera pas d’augmentation de notre qualité de vie, mais elle fera perdre aux contribuables autonomie, indépendance, identité et proximité. Notre commune avec ses 4'689 habitants ne fera jamais le poids contre le mastodonte Neuchâtel qui souhaite nous absorber.